La Conscience

19-6-2006

 

Lina Jarbouni, une résistante prisonnière

 

En haute Galilée, rayonnent les couleurs de la liberté... A Arraba al-Batouf, explosent les volcans du sacrifice. De notre Palestine aux belles plages, une famille noble, connue pour sa longue histoire de sacrifices, où les hommes sont des soldats et les femmes des résistantes. C'est dans cette famille qu'est née Lina Jarbouni

 

Lina Ahmad Saleh Jarbouni est née à Arraba al-Batouf, en 1974 dans une famille composée d'un frère et d'une soeur et des parents. Elle fait ses études de secrétariat médical, mais ne peut obtenir un travail correspondant à ses aptitudes, dans cet Etat où les Palestiniens souffrent du chômage puisque la devise du travail juif est appliquée en toute légalité. Elle travaille alors dans un atelier de couture où elle devient rapidement dans l'équipe d'encadrement.

Lamees, la soeur aînée de Lina, déclare : "Lina a très tôt assumé les responsabilités de la maison, elle assurait ses dépenses. Elle entrait souvent, les bras chargés des achats des besoins de la famille.. Bien qu'elle ne soit pas l'aînée, elle s'est beaucoup sacrifiée pour nous". Elle ajoute : "comme toute autre fille du village Arraba, qui travaillait, elle nous quittait le matin pour se diriger à son travail et revenait en fin d'après-midi. Rien dans son attitude ne pouvait faire penser qu'elle a intégré la résistance et soutenait les résistants en Cisjordanie".

 

C'était au moment du massacre de Jénine. Les coeurs étaient flétris par la douleur et les yeux noyés dans les larmes, alors que les écrans de télévision transmettaient le massacre du camp de Jénine, à la communauté internationale. Lina décide alors de rejoindre les résistants du mouvement du Jihad islamique. Dans le secret le plus total, elle transmets des cartes d'identité israélienne aux combattants à Jénine afin de leur permettre d'utiliser des faux pour passer en Palestine occupée. Elle fut découverte par les forces de l'occupation.

La famille de Lina décrit son arrestation : "Une force sioniste spéciale, accompagnée de chiens, a pénétré dans la maison en avril 2002, à deux heures du matin. Elle s'est mise à fouiller chaque coin de la maison, à saccager les meubles, à renverser tout sur son passage, pour rechercher "de la drogue", comme ils nous l'avaient dit à l'époque. Mais Lina fut arrêtée cette nuit-là. Deux de ses oncles, avocats, ont suivi le dossier pour découvrir que Lina a été arrêtée pour des "motifs sécuritaires", selon l'_expression des forces de l'occupation, qui ont gardé Lina, et ont interrogé tous les membres de la famille, la mère malade, le père et son petit frère.

Lamees raconte : "Lina a passé 40 jours dans les geôles de l'occupation, pour l'interrogatoire. L'interrogatoire était cruel. Nous avons été interdits de la voir, même lors de la première séance au tribunal à laquelle nous n'avons pas pu assister". Trois semaines après, Lamees a été arrêtée et emmenée dans un lieu secret. Elle a également été torturée pendant l'interrogatoire, ayant été accusée des mêmes charges que Lina. Mais elle fut remise en liberté.

La mère est malade d'insuffisance rhénale. Elle a déjà subi plusieurs interventions chirurgicales. Elle déclare : "L'arrestation de Lina a accentué mon mal, je souffre maintenant d'autres maux, et je suis triste pour elle. Malgré cela, je ne lui reproche rien, je suis fière d'elle". Elle ajoute : "Je souffre de son éloignement, ma vie est devenue un cauchemar, mais je suis sûre que Lina n'a pas commis une faute puisqu'elle a choisi sa voie, elle est intelligente, consciente, capable de distinguer entre ce qui est juste et faux".

Les parents n'ont rien dit, mais ils doivent savoir de ce dont Lina est accusée : d'avoir aidé le dirigeant du Jihad à Jénine, Thabet Mardawi, actuellement prisonnier, d'avoir falsifié des identités israéliennes, pour permettre l'arrivée des combattants en Palestine occupée.

 

Lina n'est pas la première à être arrêtée dans sa famille, pour avoir mis en danger "la sécurité de l'Etat hébreu", Israël. Son père est un ancien prisonnier sécuritaire, et son grand-père fut prisonnier politique et son oncle, qui était dans la résistance au Liban, a été condamné à 14 ans de prison. Une famille pour laquelle le sacrifice est une tradition. Ce n'est donc pas étonnant que Lina soit ce lionceau, s'abreuvant de la culture politique de la famille.

Lina a été condamnée à 17 ans de prison ferme. La nouvelle tombe sur la famille tel un éclair. Mais la famille loue Dieu et Le remercie, en Lui demandant de leur accorder la patience et le moral élevé, pour dépasser toutes les douleurs par la vivacité et le courage, comme Lina en prison, où sa forte personnalité a fait d'elle la représentante des femmes prisonnières du Jihad islamique, avec Qahira Saadi, leur porte-parole.

 

Les barreaux sionistes n'ont pas réussi à entamer la détermination de Lina, au contraire. Lina a rassemblé ses forces et ses capacités pour transformer la prison en école. Elle ne veut pas perdre son temps. Elle s'inscrit à l'université ouverte de Tel Aviv pour étudier la sociologie, et sa soeur Lamees témoigne : "Lorsque je lui rends visite, je vois dans ses yeux une force extraordinaire, elle essaie de me consoler, elle a le moral élevé, et me demande des nouvelles détaillées de tous les membres de la famille. Parfois, je m'arrête de parler et lui demande, étonnée : Lina, qui est en prison ? Toi ou moi ? Elle me répond, en riant : moi, mais mon temps est rempli, je m'occupe et je développe mon esprit, l'épreuve de la prison me rend forte, et non faible".

Lina n'a pas vu son père depuis son arrestation, il est interdit de visite parce qu'il était prisonnier. La direction de la prison de Telmond lui rend la réprime parfois encore plus durement que les autres prisonnières, car elle est considérée par l'occupation comme une citoyenne "israélienne", et en aidant la résistance, elle mérite une peine encore plus dure afin d'empêcher que d'autres suivent sa voie.

Une vague de terreur s'est emparée de la direction sioniste, lorsque l'affaire de Lina Jarbouni a été connue. Le sanguinaire Sharon avait essuyé des critiques, et des phrases du genre : "le Jihad islamique est arrivé à nos maisons et nos villages, il peut mobiliser des citoyens arabes qui vivent parmi nous", fut reprise par plus d'un sioniste à l'époque.

Lina a réussi à semer la terreur dans les coeurs de nos ennemis sionistes.

Au moment où l'occupation menait son invasion et son massacre du camp de Jénine, la résistance pointait son sabre dans les monts de la Galilée.

 

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